
Guillaume Coudray, journaliste et auteur du livre De l'essence dans nos assiettes - Enquête sur un secret bien huilé, définit l'hexane comme suit : «C'est un solvant, le mot technique est d'ailleurs solvant d'extraction. C'est un hydrocarbure, un produit très proche du carburant ou du white spirit. Il peut être obtenu soit à partir du pétrole, du gaz ou du gaz naturel. À l'origine l'hexane est un des composants du pétrole brut.»
De plus en plus d’aliments industriels sont fabriqués avec des procédés opaques pour le consommateur. Parmi eux, l’extraction par solvants des huiles végétales (soja, colza, tournesol) et de certains ingrédients végétaux ultra-transformés (isolats de protéines, extraits, arômes).
Le solvant le plus utilisé ?
L’hexane, un dérivé du pétrole. Problème : lorsqu’il est employé comme « auxiliaire technologique », il n’apparaît pas en liste d’ingrédients. Difficile donc de faire un choix éclairé, surtout pour des familles qui cherchent à réduire leur exposition aux composés indésirables.
Qu'est-ce que l’hexane ?
L’hexane est un solvant pétrochimique (mélange d’isomères dont le n-hexane) apprécié par l’industrie pour sa capacité à dissoudre efficacement les lipides et pour son faible point d’ébullition (il s’évapore facilement après extraction). Il est largement utilisé pour :
- extraire l’huile des graines oléagineuses (soja, colza, tournesol) avant raffinage ;
- obtenir des isolats et concentrés de protéines végétales (notamment de soja) ;
- produire certains extraits et arômes à partir de végétaux.
Dans les produits finis, les résidus sont réglementés à des niveaux très bas, mais l’exposition chronique à faibles doses via l’alimentation est encore peu documentée. Plusieurs instances appellent à une vigilance et à une réévaluation régulière des données disponibles.
En quoi cela nous affecte-t-il ?
Ce que l’on sait bien : à fortes expositions (notamment professionnelles par inhalation), l’hexane est neurotoxique (risque de neuropathies périphériques). Ce qui est moins clair : l’impact potentiel d’une exposition alimentaire chronique à très faibles doses. Les points à retenir :
- Incertitude scientifique sur les effets long terme aux doses résiduelles présentes dans certains aliments ; d’où la prudence recommandée par plusieurs évaluations récentes.
- Manque de transparence pour le consommateur : l’hexane étant souvent un auxiliaire de procédé, il n’est pas listé comme ingrédient.
- Exposition cumulative : même si les résidus unitaires sont bas, l’addition de nombreuses sources (huiles raffinées, barres “santé” avec isolats, substituts végétaux, etc.) peut augmenter la charge globale.
Quoi faire alors ?
L’objectif n’est pas la peur, mais la reprise de pouvoir sur son assiette grâce à des choix simples et concrets. Voici une check-list à partager :
- Privilégier les huiles extraites mécaniquement (pressées à froid / extra-vierges) comme l’huile d’olive extra-vierge et, lorsque c’est possible, des huiles de colza ou de caméline pressées à froid.
- Limiter les huiles raffinées bon marché (souvent extraites au solvant) et réduire la place des produits ultra-transformés (barres, poudres, substituts) contenant isolats/extraits.
- Chercher la transparence : labels “pressé à froid”, “non raffiné” ou mentions “sans solvant” lorsque disponibles ; privilégier des producteurs qui détaillent leurs procédés.
- Cuisiner plus d’aliments bruts : bouillons maison, fermentations (kéfir, choucroute), yaourt maison… Moins de procédés industriels = plus de contrôle.
- Varier les sources de lipides : oléagineux entiers, avocat, poissons gras de qualité, ghee, tout en gardant l’huile d’olive plutôt à cru pour préserver ses composés bénéfiques.
En bref : plus c’est simple, identifiable et proche du producteur, moins il y a de chance que l’hexane se soit invité en coulisses.
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Pour en savoir plus
Visionnez cette entrevue avec Guillaume Coudray, journaliste et auteur du livre De l'essence dans nos assiettes, diffusée sur Radio France.
Pour pousser vos recherches plus loin...
Envie d’explorer les études et évaluations sur l’hexane dans l’alimentation ? Consultez ces ressources :
- EFSA (2024) – Réévaluation du n-hexane comme solvant d’extraction
- Revue scientifique (PMC) – Hexane in food: significance, risk assessment, and analysis methods
- Journal PAN – Impacts potentiels des huiles de cuisson oxydées
- SGS Institut Fresenius – Hexane in food: risk assessment & méthodes d’analyse
- Anderson International – Comprendre l’extraction des huiles par hexane (vue industrielle)
- Cornucopia Institute – Enquête sur l’usage de solvants dans des produits « naturels »
- Wikipedia – Usage alimentaire de l’hexane (synthèse et références)